Mathurin Méheut est né le 21 mai 1882 à Lamballe. Fils d'un artisan, Méheut manifeste très tôt des dons artistiques et sort à 20 ans, brillamment diplômé de l'école des Beaux Arts de Rennes. Sa carrière débute par une collaboration avec la station de biologie marine de Roscoff. C'est là qu'il crée les bases de l'ouvrage Étude de la mer 1913-1914.
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Un reel temoignage
De 1914 au début de 1916 en Artois et en Argonne, il participe en 1ère ligne aux violents combats de la guerre de tranchées. Quotidiennement et par tous les temps, en première ligne, dans les tranchées comme au cantonnement, il fait des croquis, peint des gouaches et des aquarelles. Il s'attache aux détails, à ces petits riens qui disent de la vie telle qu'elle est. De ses visions de l'enfer, Méheut restitue les scènes familières avec une profonde pudeur. Son œuvre est un témoignage d'une rare précision sur la vie quotidienne du front .
Pres d'un millier de lettres.
Pendant quatre ans, Méheut écrira fréquemment à sa femme. L'importance de cette correspondance n'est certes pas exceptionnelle car chaque soldat envoie une à deux lettres par jour à sa famille en période calme, mais l'originalité de ces lettres réside dans leurs illustrations car dit-il «écrire est une chose terrible, ça ne va pas assez vite».
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En conclusion... il n'adhère à aucun grand mouvement de l'époque.
Certains dessins vont illustrer l'article d'Armand Dayot sur Méheut, Un artiste combattant, dans L'Illustration de 26 août 1916. Pour Jeunes ruines, il dessine en 1917 douze planches, exécutées «aux Armées» pour accompagner les poèmes d'André Selthic. En 1918, ses Croquis de guerre sont publiés chez Devambez. Enfin, en 1947, l'ancien combattant accepte de faire revivre ces moments dramatiques dans Les Croix de bois de Roland Dorgelès. Il illustre ce livre avec les anciens croquis exécutés trente ans plus tôt et auxquels il confère une connotation plus tragique. Rendu à la vie civile en 1919, Méheut réalise encore quelques estampes pour la carte de vœux de la 1ère Armée puis cesse de peindre la guerre pour se consacrer à sa carrière. Méheut n'est pas un artiste engagé, contrairement à d'autres artistes comme Otto Dix qui, marqué au fer rouge par le conflit, fut un peintre du «plus jamais ça». |